Cet article devrait permettre une relecture pacifiée du rapport CIASE, en tirant partie des travaux scientifiques importants réalisés par la commission :
- Il ne fait pas de doute que le phénomène a été bien trop répandu au sein de l’Eglise dans les années 1950-2000, avec une grave négligence dans la gouvernance de l’Eglise, et la connivence coupable de clercs. Il était important de demander pardon pour toutes les fautes commises.
- Cependant, il ne fait pas non plus doute que l’Eglise a souhaité réagir et mettre fin à ces pratiques, sans qu’aucun frein institutionnel n’existe. Nous sommes favorables à la poursuite de la mise en œuvre de bonnes pratiques de gouvernance[1], qui sont d’ailleurs souvent à retrouver dans la tradition parfois oubliée de l’Eglise ou dans ce qui a été réalisé depuis 20 ans au sein de l’Eglise.
- Nous réfutons la pertinence des diverses recommandations de la commission CIASE qui utiliseraient le moyen de la remise en cause la doctrine de l’Eglise pour lutter contre le phénomène des abus. Cette pertinence n’a pas été démontrée et repose sur l’idée largement mise en avant – mais dont nous démontrons ici de manière approfondie la fausseté - que le phénomène des abus serait systémique dans l’Eglise.
- En comparaison avec la société, s’il y a un phénomène à teneur systémique propre à l’Eglise, il s’agit - selon les travaux de la commission CIASE et à l’instar de ce qui avait déjà été observé dans d’autres pays - de la très forte proportion d’abuseurs homosexuels ou bisexuels, qui a induit une prévalence anormalement forte envers les garçons et a favorisé la protection de certains abuseurs. S’il y avait donc dû avoir une recommandation forte de la CIASE à l’issue de son étude, elle aurait dû concerner la question de la maturité affective des candidats au sacerdoce. Cet aspect avait été identifié par le pape Benoit XVI dans son instruction de 2005 sur les critères de discernement vocationnel, restée malheureusement sans suite.
[1] Comme nous le montrons en fin du § 3.2 du présent article, la CIASE ne dit pas autre chose dans sa réponse à l’Académie Catholique du 8 février 2022.