Cet article vise à analyser les rapports de la CIASE avec le recul nécessaire, recul qui n’a été envisagé que par peu d’observateurs (G. Cuchet[1], A. Lizotte[2], M. Viot[3] et l’intervention la plus médiatisée et plus tardive de certains membres de l’Académie Catholique[4]…) tandis que la majorité des clercs et représentants de l’Église était prise dans un mélange de sidération et de soumission. Une preuve en est que la Conférence des évêques de France (CEF) réunie à Lourdes en octobre 2021 a principalement parlé de ce sujet en mettant au second plan les autres enjeux clés de l’Église dans notre pays : la crise économique et sociale, le catéchisme et l’évangélisation, la montée de l’islam sur fond de sécularisation avancée, la communication dans une société laïcisée, la numérisation du monde et la gestion de la crise Covid-19...
Un préambule s’impose : la revue critique faite ici ne vise absolument pas à nier les souffrances incommensurables subies par les victimes ou relativiser la gravité des crimes commis. Il ne fait également aucun doute que nombre de clercs ont gravement failli lorsqu’ils ont eu à traiter la question de prêtres abuseurs. Il est également indéniable que l’étude sociologique et historique réalisée par la CIASE est d’une grande richesse pour qui s’intéresse au fléau des abus.
Par ailleurs, le rapport contient certaines recommandations intéressantes, ne posant pas de problème particulier, à tel point que certaines sont déjà mises en œuvre sans publicité particulière par des hommes d’Église responsables qui ne souhaitaient pas maintenir un statu quo là où des dysfonctionnements étaient manifestement observés. Il n’est aucunement question de transiger sur le fait que l’Église renforce ou généralise (comme la CEF l’a fait à Lourdes) les mesures mises en œuvre depuis 20 ans lorsqu’elles se sont avérées insuffisantes.
Cependant la lecture du rapport et de ses annexes ne peut que faire naître un sentiment de malaise à l’observateur averti : l’approche globale de la commission semble extrêmement biaisée, en raison d’une grille de lecture épousant les thèses les plus progressistes visant à déconstruire l’Église et en particulier le rôle du prêtre et des religieux.
Ceci n’a pas été remis en cause par la CEF qui au contraire a accepté tel quel (hormis la question du secret de confession) le rapport en reconnaissant notamment la responsabilité institutionnelle de l’Eglise et le caractère systémique des abus : Les souffrances terribles rapportées par les victimes et la révélation de chiffres très importants ont créé une sidération qui a permis à la commission Sauvé de réaliser un immense coup de bluff pour faire avaliser une interprétation et des recommandations qui n’avaient rien à voir avec le cadre imposé par la CEF et la CORREF, lequel consistait simplement à évaluer les mesures prises par l’Église pour lutter contre le fléau de la pédophilie.
C’est la raison pour laquelle une revue critique est nécessaire.
Chapitre suivant :
3 - Déconstruire la qualification de phénomène systémique telle qu'expliquée par la CIASE
[1] https://www.la-croix.com/Debats/Il-bien-correlation-entre-homosexualite-pedophilie-lEglise-2021-10-28-1201182704
[2] https://srp-presse.fr/index.php/2021/10/08/jai-lu-jai-reflechi-et-jecris-sur-le-rapport-de-la-ciase/
[3] Dans de nombreuses interventions, notamment sur sa chaîne YouTube https://www.youtube.com/channel/UCKxDYy2brGTCer3rciWPS6A
[4] https://www.youscribe.com/BookReader/Index/3257401/?documentId=4290283