3.1       Un rapport appuyé sur une étude de l’INSERM, tenant de la sociologie « woke »

3.2       Le qualificatif de phénomène systémique ne tient clairement plus depuis les années 2000, et reste à nuancer fortement sur la période précédente.

3.3       La notion de péché mise en arrière-plan pour être remplacée par un mal systémique

3.4       La justification du caractère systémique des abus n’a pas de fondement théologique, au contraire le crime est particulièrement grave dans la doctrine de l’Église

3.5       L’incapacité à gérer la dimension temporelle, un mensonge par omission majeur du rapport CIASE

3.6       Sans remettre en cause le caractère massif des abus, la méthodologie ayant conduit à établir les chiffres du rapport CIASE mériterait quelques éclaircissements.

3.7       Les « communautés nouvelles » : un autre exemple de l’angle de vue biaisé de la CIASE

3.8       Le caractère « systémique » est celui de la société tout entière

 

3.1       Un rapport appuyé sur une étude de l’INSERM, tenant de la sociologie « woke »

Dans le rapport Sauvé[1], un chiffre a marqué les esprits et qui a été repris largement par la grande presse est l’évaluation de 216 000 victimes de prêtres[2].

 Ces chiffres, ainsi que l’analyse sociologique qui en est faite, sont établis dans une très volumineuse annexe du rapport Sauvé, pierre angulaire des études menées par la commission, intitulée « Sociologie des violences sexuelles au sein de l'Église catholique en France (1950-2020) ». Cette étude de près de 500 pages a été réalisée par l’INSERM et l’EHESS[3], sous la direction Nathalie Bajos, accompagnée de trois sociologues. Les conclusions de cette étude ont été largement reprises dans le rapport Sauvé, même si celui-ci a la prudence de ne pas reprendre les formulations les plus extrêmes des interprétations du rapport de l’Inserm.

Pour ceux qui n’auraient pas lu l’approche sociologique marquée par l’ultra féminisme contemporain « woke », je citerai simplement les dernières phrases de la conclusion de ce rapport[4] : « L'Église catholique apparaît ainsi comme un observatoire privilégié de la domination masculine, et plus précisément du fonctionnement d’un système patriarcal, puisque celle-ci s’exerce au nom d’une certaine paternité. Ses effets y apparaissent exacerbés, d’autant plus que l’interdit de la sexualité des prêtres fait écho à une forme de diabolisation de celle des femmes.

L’institution ecclésiale revendique encore ouvertement la domination masculine et l’inscrit dans sa culture et dans ses structures. Tant qu’elle refusera de renoncer au monopole masculin du pouvoir et à sa métaphorisation paternelle qui, toute symbolique qu’elle soit, n’en a pas moins des effets réels, le risque de violence sexuelle au sein de l’Église catholique restera d’actualité. ».

On s’étonnera également de ce constat de l’existence de « violences sexistes »[5] (les prêtres battraient leurs paroissiennes ?) qui ne sont documentées nulle part.

Par ailleurs, pour les auteurs du rapport Sauvé, il ne fait aucun doute du caractère « systémique » des violences sexuelles dans l’Église : « L’Église catholique de France, déjà touchée par un mouvement profond de sécularisation interne et externe, semble refuser le constat du caractère systémique des violences sexuelles et sexistes commises en son sein. ».

Nous allons voir dans la suite de cet article que le caractère « systémique » propre à l’Église est bien loin d’être l’évidence ici mentionnée et que l’explication qui en est donné est fortement douteuse. 

3.2       Le qualificatif de phénomène systémique ne tient clairement plus depuis les années 2000, et reste à nuancer fortement sur la période précédente.

Le mot « systémique » vient de la médecine : « Systémique est le terme utilisé pour qualifier un trouble qui affecte la totalité de l'organisme et non pas seulement une partie du corps »[6]. Il est depuis peu utilisé en sociologie et signifie « relatif à l’ensemble du système »[7].

Mot mal compris par le grand public, restant assez flou dans son acception : A partir de quand un phénomène est-il systémique ? Quel est le critère ? Est-ce que le comportement observé sur 70 ans de 3% des membres d’une organisation est une raison suffisante pour attribuer ce qualificatif au phénomène ? Du fait qu’il soit à la mode dans la sociologie contemporaine pour jeter l’opprobre sur une institution remise en cause par un certain clergé médiatique et politique (avec des généralisations malhonnêtes destinées à nuire comme « le racisme systémique de la police »…), on peut se demander si ce n’est pas une raison du choix de ce qualificatif.

Dans le § 21 du rapport Sauvé, il est même expliqué que l’équivalent dans le langage ecclésial serait celui des « structures de péché ». On voit donc la gravité de l’accusation portée à l’Église.

Selon le § 0644 du rapport « le caractère systémique du phénomène étudié par la CIASE, dont la prévalence a été montrée, ne fait pas de doute, car tout en percevant des signaux clairs, les responsables de l’Église catholique n’ont pas su ou voulu regarder en face les problèmes, les prévenir, ni les traiter avec la vigueur requise. ». Ceci est complété dans la § 1091 « un phénomène systémique, c’est à dire un ensemble de faits graves qui ne sont pas imputables à des individus isolés ou à des dysfonctionnements ponctuels, mais qui revêtent une ampleur importante, fluctuent mais persistent dans le temps, et comportent des composantes structurelles ».

Selon ces définitions données par le rapport CIASE, le caractère systémique est éminemment discutable :

1/ Concernant l’absence de réaction de l’Eglise aux signaux clairs, c’est évidemment faux depuis 25 ans, date des premières actions du cardinal Ratzinger – donc à plus haut niveau dans l’Eglise - et des mesures de prudences importantes mises en œuvre par l’Église en France dans les années qui ont suivi. On touche ici une grosse faiblesse du rapport CIASE, qui de manière générale ne prend pas vraiment en compte tout ce qui a été fait depuis le début des années 2000 en considérant quasi systématiquement le phénomène statistique sur la période 1950-2020 pour produire ses analyses. En témoigne le glissement trop peu souligné par rapport à la lettre de mission de la CEF qui demandait d’évaluer les mesures prises depuis vingt ans par l’Église pour lutter contre la pédophilie[8]. Ceci est marquant dans les 45 recommandations de la commission pour lutter contre la pédophilie, qui semblent souvent s’adresser à l’Église de 1950 ou 1980.

Certes, on pourrait légitimement reprocher à l‘Eglise de ne pas avoir réagi avant la fin des années 1990. Cependant, c’est oublier le contexte de l’époque, où les violences faites aux enfants n’étaient pas l’objet de scandale, à tel point que certains intellectuels en vue demandaient de les autoriser et que selon le rapport Sauvé lui-même la justice ne donnait pas toujours une réponse aux alertes qui lui parvenaient (cf. notamment §0269).

Il ne s’agit pas ici de dédouaner les clercs de leurs comportements gravement fautifs selon la morale même de l’Eglise, mais d’éviter tout anachronisme dans l’appréciation d’un caractère systémique qui serait propre à l’Eglise. Manifestement, c’est la société tout entière qui n’était pas capable de gérer les signaux d’alerte pendant cette période.

 

2/ Concernant le fait qu’il ne s’agisse pas d’individus isolés ou de dysfonctionnements ponctuels, mais d’un phénomène structurel dans certains endroits, quelques explications sont nécessaires. 

  • S’il s’agit de dire que les abus ont été trop répétés dans certaines structures d’Eglise et que la hiérarchie n’a pas su réagir, c’est indéniablement vrai pour la période d’avant 2000.

Mais curieusement le rapport CIASE sous-estime totalement cette ce changement de comportement, et ce sans aucun argument autre que celui d’affirmations non démontrées. Le caractère malhonnête de cette analyse est particulièrement visible par exemple dans le § « Un phénomène massif toujours d'actualité » (page 423) du rapport INSERM. Aucun élément de ce paragraphe ne vient étayer le fait que ce phénomène massif est toujours d’actualité. Au contraire, ce paragraphe décrit ce phénomène dans les années 50-60 comme liés aux institutions anciennes ayant périclité (pensionnats, petits séminaires) puis dans la période de crise des années 70 comme lié aux « communautés nouvelles ». Aucune explication n’est donnée sur le fait que ce phénomène perdure après les années 2000, alors qu’il est bien évident qu’à compter de cette date l’Eglise s’est emparé du sujet, sans que ce paragraphe ne le prenne en compte (l’action du cardinal Ratzinger à Rome, puis en tant que pape n’y est même pas mentionnée). Dans la même veine, le rapport CIASE explique que cela demeure toujours mais pour cela produit des statistiques sur 30 ans (depuis 1990), qui ne permettent aucune évaluation des mesures prises depuis 20 ans ou encore plus récemment. Enfin, lors de l’appel à témoignage, la CIASE n’a recueilli que 4 témoignages de victimes après 1990 (à comparer au plus de 1500 témoignages recueillis au total). Comment dans ces conditions pouvoir défendre la persistance du phénomène à une échelle similaire de ce qui se passait il y a 50 ans ? Car même si bien sûr le nombre d’enfants/jeunes qui fréquentent des structures d’Eglise a chuté, le fait que la parole soit libérée pour les jeunes générations aurait dû conduire à un afflux de témoignages qui n’a pas eu lieu. 

  • En revanche, par nature, les abus dans l’Eglise sont d’abord le fait de faiblesses individuelles des personnes, puisque les textes mêmes de l’Eglise (cf. § suivant) condamnent fortement cette pratique.

On remarquera d’ailleurs que selon le rapport CIASE lui-même, environ 3% du clergé est touché, ce qui montre bien que ce phénomène est lié à des individus enclins à de telles pratiques et non pas une production du « système Eglise ».

La bonne question, plutôt que de décréter comme le fait le rapport Sauvé que le phénomène est indéniablement systémique pour jeter l’opprobre sur l’institution entière et en conclure la proposition de réformes structurelles n’ayant pas de lien avec les abus, c’est de comprendre la spécificité des abus dans l’Eglise, c’est-à-dire en quoi il y aurait une particularité systémique dans l’Eglise. Dire qu’il y a des abuseurs dans l’Eglise et qu’ils ont été protégés par la hiérarchie n’est absolument pas une spécificité de l’Eglise.

Prenons également l’exemple de l’argument – central dans l’argumentation CISAE - comme quoi le caractère systémique dans l’Eglise vient de la place du prêtre mis sur un piédestal. Il ne fait pas de doute que cela a pu être dans les années 1950 une raison pour laquelle la parole des victimes n’était pas entendue ou les familles ne souhaitaient pas réagir. Cependant, ceci est clairement un facteur du passé : la place du prêtre n’est plus du tout le même vis-à-vis des laïcs dans l’Eglise post Vatican II. Par ailleurs, ce facteur n’est en fait pas vraiment une spécificité de l’Eglise, car il est clairement aussi applicable pour les personnes en position d’autorité comme les pères de famille ou instituteurs. Il y a même ici une contradiction de la CIASE, qui d’une part considère l’Eglise comme une ONG comme une autre, et d’autre part insiste lourdement sur ce genre de spécificité lié au caractère sacré de l’institution.

Nous retrouvons donc là un exemple de plus de l’obsolescence du caractère systémique tel que la CIASE le conçoit.

En somme, l’évidence d’un caractère systémique propre à l’Eglise n’est pas démontrée. On a plutôt dans les années 1950-2000 affaire à un laxisme généralisé sur un fond social relativement permissif vis-à-vis de la pédophilie, à l’image de ce qui se passait dans la société entière.

Mais ce laxisme ne tient pas dans la durée, ce qui pose question pour l’emploi de du qualificatif systémique en ce qui concerne l’Eglise. Il ne peut en aucun cas être compris comme synonyme de structurel en 2020, or c’est ainsi que le grand public le comprend et que l’expliquent les rapporteurs de la CIASE[9], jusqu’à la publication de la réponse à l’Académie Catholique[9b].

Dans cette réponse, sans le dire ouvertement, la CIASE réduit significativement la portée de phénomène systémique telle qu’elle était exprimée dans le rapport du 5 octobre 2021, en la décrivant comme une « passivité prolongée » (cf. § 2 a) face au phénomène, ce qui est une idée très similaire au « laxisme généralisé » mentionné dans le présent article, et abandonne l’idée de « composantes structurelles » du § 1091. Ceci va donc dans le bon sens, comme Pierre Manent (de l’Académie Catholique) l’a reconnu (interview au Figaro du 10/02/2022) et devrait refreiner les ardeurs de ceux qui souhaitent des réformes structurelles de l’Eglise, puisque comme le dit la CIASE (cf. § 2 c) « L’établissement de cartographies des risques et les systèmes d’assurance qualité ou d’amélioration continue de la qualité sont des systèmes internes aux institutions qui décident elles-mêmes de se saisir de leurs dysfonctionnements pour les faire cesser ». Ici également, la CIASE se retrouve tout à fait en phase avec les conclusions du présent article, qui appelle à généraliser et pérenniser des mesures de bonne gouvernance pour lutter contre le fléau, et non point à remettre en cause certains éléments fondamentaux de l’institution (la doctrine du péché, l’institution du sacerdoce…) comme on a pu le lire dans certaines analyses et recommandations du rapport Sauvé.

 

3.3       La notion de péché mise en arrière-plan pour être remplacée par un mal systémique

Pour expliquer la fréquence des abus, une analyse plus simple, conforme au principe de parcimonie aurait pu être présenté par la CIASE :

  • La faiblesse humaine des hommes pêcheurs qui les commettent ;
  • La forte présence de prêtres et religieux dans les milieux éducatifs, donnant un effet d’opportunité (effet mentionné dans les travaux de l’INSERM, mais de manière biaisée, cf. infra § 4.1)
  • La très coupable couverture s’explique par la volonté mal placée de sauvegarder l’institution, favorisée par un certain laxisme inscrit dans la pratique ecclésiale pour le traitement des coupables, ancrée dans une époque où les mentalités étaient très différentes. Elle s’explique également par une volonté de ne pas être trop dur envers les prêtres coupables, C’est une charité chrétienne dévoyée mais courante dans la volonté de ne pas blesser les personnes pour les péchés qu’elles ont commis.

Tout ceci est très coupable et très humain à la fois. Il y a bien eu des « structures de péché » chez les clercs jusqu’à la fin du XXème siècle, mais il faut rappeler ici ce qu’est une structure de péché, tel que le concept a été défini par Jean-Paul II : c’est la somme de péchés personnels qui favorise le péché personnel. Il ne s’agit pas de responsabilité généralisée ou structurelle des chrétiens. Il s’agit donc bien d’abord de graves manquements à la doctrine chrétienne traditionnelle qui sont la racine du mal que la CIASE était chargé d’analyser.

Cependant, ce n’est pas du tout la lecture qu’en réalise la CIASE pour qui le « péché » est un gros mot, qu’elle ne reprend jamais à son compte dans ses travaux, hormis pour la remettre en cause : cf. par exemple la recommandation n°8 qui demande de « passer au crible … le langage de certains documents du Magistère parlant de péché… » ou d’autres exemples supra en § 3.4.

Plutôt que d’accuser les auteurs et les responsables, la CIASE a préféré mettre en cause l’institution et finalement tous les catholiques auxquels on demande de payer pour des actes qu’ils n’ont pas commis. Par une inversion redoutable, l’Église elle-même serait devenue « structure de péché » et c’est alors la doctrine même et tous les catholiques qui deviendraient fautifs d’un nouveau péché originel qu’il leur faudrait expier. Mais cela ne tient pas : il s’agit en fait d’un raisonnement circulaire basé sur des prémisses mensongères. De manière simplifiée, cela consiste à nier la doctrine traditionnelle de l’Eglise sur le mal et d’en conclure ensuite que celle-ci n’est pas adaptée pour lutter contre le mal.

En synthèse, en abandonnant le concept de péché, cela laisse un vide qui est comblé par le concept conforme à l’anthropologie contemporaine de « problème systémique », que la CIASE attribue à l’institution de l’Église.

Ce faisant, les membres de la CIASE pèchent par orgueil, ce qui est patent dans la lecture du rapport qui se présente comme une reprise en main très large de l’Eglise, bien au-delà de la mission confiée par la CEF comme nous l’avons déjà mentionné. Ils ne s’en cachent pas d’ailleurs puisque leur but avoué, selon leurs mots mêmes est de « sauver le soldat Église »[10]. Ceci est paradoxal car c’est exactement ce qui est reproché – à raison - aux comportements des clercs, notamment dans les années 1950-1960. Mais comme le Seigneur nous assure que « les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle » (Matthieu 16.18), vouloir la sauver en 2020 n’est pas plus louable qu’en 1950. Cela reste une manière pour l’homme de se mettre à la place de Dieu.

 

3.4       La justification du caractère systémique des abus n’a pas de fondement théologique, au contraire le crime est particulièrement grave dans la doctrine de l’Église

Le rapport décrète le caractère « systémique » en tentant de donner des explications qui seraient liées à certaines règles dans l’Église : place du prêtre, patriarcat, oubli des victimes dans le droit canonique. Ceci est un peu faible, car il n’y a pas de lien direct avec des abus, qui sont manifestement une déviance liée à des fautes personnelles, mais en aucun cas des facteurs déclencheurs. Si l’on réfléchit plus en profondeur, quelle serait la raison d’un caractère systémique qui n’est fondé sur aucun texte biblique, aucun dogme catholique ? Au contraire, ne peut-on lire dans Matthieu 18 : 6 « Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, il est préférable pour lui qu’on lui accroche au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’il soit englouti en pleine mer » ? Les prêtres coupables sont donc clairement appelés aux pires des châtiments.

Pourquoi le rapport Sauvé dit-il alors que le droit de l’Eglise n’est pas adapté il serait trop centré sur le pécheur en raison de la doctrine de l’Eglise sur la chasteté (pages 297-302[11]) ? Et ce alors même que ledit rapport ne cite pas l’article 2389 du catéchisme de l’Église catholique « On peut rattacher à l’inceste les abus sexuels perpétrés par des adultes sur des enfants ou adolescents confiés à leur garde. La faute se double alors d’une atteinte scandaleuse portée à l’intégrité physique et morale des jeunes, qui en resteront marqués leur vie durant ». Cet article à lui seul remet en cause l’argumentaire des cinq pages du rapport puisque la victime n’est bien évidemment pas oubliée derrière le péché ou le pécheur ! Il ne se s’agit pas ici bien évidemment de remettre en cause que dans la pratique, la victime ait été trop souvent négligée. Mais cette négligence n’avait bien évidemment rien d’évangélique et n’était pas non plus justifiée par une doctrine inadaptée[12].

De manière générale, nul ne peut nier que la notion de péché est très efficace pour éviter que le mal soit fait, mais elle est totalement minorée dans ce rapport, car sans doute assez étrangère à la théologie de ses auteurs. Et comment ne pas penser aussi que l’ambiance générale de relativisation des notions de fautes et de péché qui a touché l’Eglise sur la période d’étude de la CIASE n’a joué aucun rôle sur la coupable tolérance des crimes pendant ces nombreuses années ?

La conséquence de ce manque de connaissance sur la doctrine catholique est que la commission reproche, sur des fondements totalement erronés, à l’Église son incapacité à pouvoir correctement lutter contre les abus. Cette approche est à la limite du mensonge, comme lorsqu’un enquêteur fabrique de fausses preuves contre la personne présumée coupable.

 

3.5       L’incapacité à gérer la dimension temporelle, un mensonge par omission majeur du rapport CIASE

Revenons sur la non prise en compte par la CIASE du changement majeur au sein de l’Eglise concernant le traitement des abus. Il s’agit encore une fois d’un raisonnement circulaire sur une base de mensonge qui consiste à nier la prise de conscience et les actions fortes qui en découlent depuis le début des années 2000 pour conclure que le phénomène est « systémique ». Il est pourtant bien clair pour quiconque a une connaissance du fonctionnement quotidien de l’Église que le phénomène a été pris très au sérieux depuis de nombreuses années (protocoles de sécurisation, coopération avec les autorités, fin de pratique consistant à simplement déplacer les prêtres fautifs, dénonciation à plus haut niveau [pape, évêques] …) même s’il reste bien sûr toujours des choses à faire dans ce domaine.

Le fait de dire que les abus continuent de manière massive constitue donc un mensonge particulièrement grave du rapport, mais celui-ci était nécessaire pour ses auteurs. En effet, si la prise de conscience et les actions au sein de l’Église avaient été reconnues, alors d’une part le caractère systémique n’aurait pu être mis en avant, d’autre part les propositions les plus contestables du rapport concernant l’Église n’auraient pu être faites.

D‘ailleurs le pape François ne semble pas dire autre chose dans sa déclaration du 6 décembre dernier à propos du rapport Sauvé : « Il y a le risque de confondre la façon de comprendre les problèmes d’il y a soixante-dix ans avec celle d’aujourd’hui … Il y a 100 ou 70 ans […] un problème d’abus dans l’Église, il fallait le couvrir », a déploré le pape François, expliquant qu’on trouvait des situations similaires « aujourd’hui encore » dans les familles. Il a appelé à dévoiler tous ces abus, mais à « toujours » les interpréter « avec l’herméneutique de l’époque » : Au-delà de la négation des actions récentes mise en œuvre pour lutter contre les abus, il y a un certain anachronisme dans l’analyse des faits, la très grande majorité étant très ancienne mais regardée avec les yeux d’aujourd’hui. Or il y 50, 60 ou 70 ans peu de personnes avaient conscience de la gravité des dégâts liés aux abus sur les enfants, et l’on sait qu’ils ont même été défendus au nom de la liberté sexuelle dans le même temps (Ils continuent toujours de l’être par ailleurs dans certains milieux militants et certaines franges du mouvement woke), ou du moins tolérés au nom d’un concept dévoyé de charité chrétienne, pour ne pas paraître trop dur avec les coupables. Par ailleurs, comme le suggère le pape François, les mentalités ont évolué, et l’impératif de couvrir la réputation de toute institution était fort plus développé il y a 50 ans. Tout ceci n’excuse absolument pas l’attitude des clercs qui les ont commis ou couverts, mais ce contexte explique les réactions trop timorées pour combattre ces crimes.

On peut remarquer également qu’en ignorant la pratique traditionnelle de l’Eglise, la CIASE ne prend également pas en compte les mesures de prudence qui existent depuis des siècles, et qui malheureusement ont souvent été mises de côté car jugées trop datées. Regardons ce qu’en dit un abbé bénédictin en citant Saint Benoit (6e siècle)[13] « Saint Benoît est très ferme quand il traite de l’accueil de prêtres au sein de la communauté ou de l’accession d’un Frère au sacerdoce. Il ne dit pas que le sacerdoce est mauvais […], au contraire ; mais, étant donné la dignité de cette grâce et du pouvoir qu’il confère, le Père Abbé et le Père Maître des novices doivent montrer plus de prudence dans le discernement. Déjà, au sujet de l’accueil d’un laïc, saint Benoît dit avec fermeté que l’Abbé ne doit pas accepter facilement l’entrée du candidat, tout en discernant si celui-ci recherche réellement Dieu et non autre chose. »  et « Je me souviens que, jeune novice, j’avais trouvé trop sévère un point de nos coutumes concernant les relations avec les hôtes, hommes et femmes. Maintenant, j’en vois toute la sagesse. ». Pourquoi donc, la CIASE, au lieu d’inventer des recommandations parfois peu adaptées pour l’Eglise, n’a-t-elle pas cherché à explorer les règles de prudence issues de siècles de pratique en son sein ? Elle s’est privée ainsi d’une précieuse source qui aurait pu l’inspirer. Mais en faisant ainsi, décréter le caractère d’évidence systémique aurait-il été possible ?

 

3.6       Sans remettre en cause le caractère massif des abus, la méthodologie ayant conduit à établir les chiffres du rapport CIASE mériterait quelques éclaircissements.

Si le caractère systémique a pu être mis en avant par la commission, c’est d’abord grâce à la production d’une évaluation du nombre de victimes de membres du clergé auquel personne ne s’attendait : 216 000.

Regardons de plus près ce chiffre. Tout d’abord, précisons pour le lecteur non averti qu’il s’agit de l’estimation du nombre total des enfants abusés et non de celui des seuls enfants violés. Le rapport précise que moins d’un tiers (32,1%) ont subi des viols, soit environ 70 000. Il est trompeur de confondre ainsi des actes de nature assez différente (parfois un simple contact non respectueux) dans la présentation de l’évaluation chiffrée des abus.

Contrairement à ce qu’on a pu parfois lire ou entendre, l’estimation des 216 000 a été réalisée de manière indépendante par rapport à l’appel à témoin réalisé par la CIASE et qui a pu identifier 2014 personnes abusées. 

Cette estimation a été réalisée par l’INSERM selon les méthodes utilisées par les instituts de sondage. Elle s’est appuyée sur une base de 243 000 panélistes[14], déterminés par une méthode semi aléatoire qui n’est pas explicitée dans le rapport pré cité. Les panélistes sont interrogés par Internet. Ils sont anonymes afin de protéger leur vie personnelle.

Sur ces 243 000, près de 200 000 n'ont pas répondu, et environ 18 000 ont été retirés par la méthode des quotas. On a donc considéré 28 000 réponses, sachant que celles-ci ont été par ailleurs « redressées » selon les méthodes propres aux sondages. Tout ceci constitue sans aucun doute l’approche classique pour ce type de travaux, mais nous manquons malheureusement de données pour en faire une revue plus approfondie.

Par ailleurs, si un tel échantillon est suffisamment important pour être statistiquement représentatif contrairement à ce que l’on entend parfois (et l’INSERM a ici été prudente en donnant un intervalle de confiance qui correspond à l’incertitude liée à la taille de l’échantillon), il existe bien un biais bien connu des instituts de sondage : la véracité des réponses. Il faut savoir par exemple que pendant longtemps les réponses pour les votes pour des partis extrémistes devaient être corrigées d’un facteur non négligeable (plus de 30%) parce que ce vote était honteux.

Ici le sujet est encore plus crucial vu le faible taux (au sens purement mathématique du terme car il est évident que ce dernier reste inacceptable) de personnes concernées par les abus (0,17% chez les femmes et 0,69% chez les hommes après redressement) et le caractère très sensible de la question posée qui va bien au-delà d’une simple intention de vote. En effet, si un homme sur 300 ment, cela double le nombre d'abus reportés dans le sondage. Or le mensonge est d’autant plus facile ici que le sondage est fait par internet et non par téléphone, et que l’anonymat est garanti.

Curieusement, à aucun moment dans le rapport on ne mentionne que la réponse au sondage puisse être biaisée dans ce sens, mais seulement dans l’autre (sous-déclaration). Ne serait-il pas crédible que l’on trouve dans la population générale une personne sur 300 souhaitant nuire à l’Église catholique ? Et ce d’autant plus que le questionnaire soumis aux répondants indiquait clairement par certaines questions que l’objet de l’étude portait non pas sur les violences sexuelles faites aux enfants en général mais sur leur prévalence au sein de l’Église ?

Enfin, cette étude de l’Inserm n’a elle-même fait l’objet d’aucune revue indépendante, comme cela doit être le cas pour tout article de recherche. Cela aurait été d’autant plus nécessaire que la CIASE a délibérément choisi de retenir ce chiffre qui était d’un ordre de grandeur tout autre que celui qu’elle a elle-même obtenu dans ses autres travaux (appel à témoin, analyses des archives) et que les chiffres issus du sondage n’ont pas été confrontées avec des données réelles (par exemple sur le nombre de signalement en justice qui était une question du sondage). 

Au contraire, les chiffres annoncés par la CIASE ont été immédiatement repris, presque comme parole d’Évangile, dans les médias et au sein de l’Église.

L’apparition tardive de ce chiffre (Jean-Marc Sauvé parlait lui-même en mars 2020 d’environ 10 000 victimes) pose question, d’autant plus qu’elle n’a permis aucun débat contradictoire. De même pour le très faible nombre de cas mentionnés par la commission à la justice en regard : 22.

Les apports complémentaires dans la réponse de la CIASE à l’Académie Catholique ne dissipent absolument pas ces questions. Les questions de la mise en cohérence avec des observations avec le réel sont survolées et surtout la question du biais possible sur l’échantillon est confirmée par le groupe statistique missionné par Jean-Marc Sauvé : « …on ne peut pas assurer qu’il n’existe pas un biais significatif affectant ces estimations. C’est la phase d’Access panel qui empêche d’apporter une conclusion totalement rassurante. Cependant, a contrario, on ne peut pas affirmer non plus que les estimations produites sont éloignées des vraies valeurs ». On retrouve ici exactement la conclusion du présent article : on ne peut conclure de manière définitive, ni dans un sens, ni dans l’autre.

J’aurais une interprétation complémentaire à proposer sur ces distorsions entre les résultats du sondage et l’observation du réel mentionnées par nombre d’observateurs. Il ne fait pas de doute que le phénomène des abus n’était pas anecdotique, et qu’il est dans tous les cas supérieurs aux 10 000 victimes mentionnées par Jean-Marc Sauvé lui-même. Il est probable que la faiblesse relative des signalements ou même des personnes ayant écrit à la CIASE (environ 3000, mais avec 2000 cas retenus) traduit soit une difficulté à parler de sujets très douloureux (remuer un passé qu’on a mis définitivement derrière soi), soit le fait que les personnes sont passées à autre chose en ayant surmonté la difficulté. Cela montre de ce fait les limites d’une approche qui navigue trop entre travail historique et étude sur l’actualité des abus. En d’autres termes, si le chiffre est important, il appartient au passé. Et le rapport est sur ce plan-là bien trop confus.

 

3.7       Les « communautés nouvelles » : un autre exemple de l’angle de vue biaisé de la CIASE

Le cas des communautés nouvelles est un terrible exemple des abus au sein de l’Église.

Cependant, il est assez peu défendable que le rapport prenne le soin de ne surtout pas mentionner l’ambiance exaltée et la révolution sexuelle propre à cette période comme facteur des abus, qui est écarté par un pur argument d’autorité[15] « Leur co-émergence dans le sillage de la révolution culturelle des années 1970 montre que l’argument d’une « pensée 68 » essentiellement pro-pédophile, repris aujourd’hui par certains catholiques conservateurs pour rejeter sur la société la responsabilité de la « crise pédophile » que traverse l’Église ne tient pas ». En effet, s’il faut reconnaître que les travaux de la CIASE établissent que la pédophilie n’est pas circonscrite à cette période, il semble difficile de nier que la société présentait à cette époque un cadre de légitimation de ces pratiques qui ne peut être sans influence sur les abuseurs, en particulier pour les communautés nouvelles qui ont émergé à cette époque.

Concernant les communautés, dans le cas des abus de religieuse, le rapport INSERM fournit une explication très « woke »[16] « Des stéréotypes de genre perdurent, comme le mythe de la femme tentatrice qui nourrit le soupçon de séduction chez les religieuses abusées ». Cette explication semble venir d’une mauvaise BD sur le moyen-âge plutôt que de la véritable théologie morale de l’Église que les auteurs semblent ignorer. Comme l’ont souligné Alex et Maud Lauriot Prévost, la théologie du corps de Jean-Paul II, qui est à mille lieux de ces lieux communs, est totalement absente dans les travaux de la CIASE[17]. On retrouve aussi ici en sous-jacent le biais d’anachronisme déjà mentionné.

Par ailleurs, la gouvernance de ces communautés a été très déficiente dans certaines d’entre elles. Mais il faut noter qu’elle n’était pas conforme au fonctionnement de l’Église en ce qui concerne les règles de prudence internes (par exemple, le confesseur ne doit pas être le responsable hiérarchique). Or ce fait n’est absolument pas rappelé dans les rapports CIASE, nouvelle omission coupable permettant de justifier à tort le caractère systémique des abus en niant que l’Église avait développé les moyens de lutter contre ceux-ci. Il est simplement mentionné au § 264 du rapport Sauvé le manque de contrôle externe : « C’est d’ailleurs ce dynamisme [des communautés nouvelles] et cette contribution démographique qui justifient l’appui direct sur l’autorité romaine, d’une part, et un moindre contrôle de leurs règles de gouvernance ». Notons que l’explication donnée ici n’est que partiellement vraie : la première raison de l’absence de contrôle est le caractère nouveau et différent de ces communautés. Un classique des nouvelles structures en expansion, que l’on retrouve largement aussi dans l’entreprise.

Par ailleurs, ces dérives ont été vigoureusement corrigées depuis, et avec l’approbation de tous. Preuve supplémentaire que l’adjectif systémique ne tient pas si on l’entend comme lié à la structure profonde de l’Église.

Enfin, la nature même des « communautés nouvelles » sont un exemple de plus montrant le caractère biaisé de l’interprétation des rapports de l’INSERM et de la CIASE concernant le phénomène des abus. Le rapport explicite bien que ces communautés étaient souvent mixtes, avec souvent plus de femmes que d’hommes. Elles étaient aussi très peu hiérarchiques, se situant en marge des structures traditionnelles de l’Église, et en particulier de la hiérarchie ecclésiastique. Et pourtant, elles ont été le théâtre d’abus importants, qui trouvent leur cause dans l’ambiance très exaltée et révolutionnaire de l’époque, ainsi que la proximité affective des différents membres. Finalement, ce n’est donc pas « le monopole masculin du pouvoir et à sa métaphorisation paternelle » décrit par le rapport INSERM qui a permis ces abus, mais plutôt son absence, la hiérarchie ecclésiastique n’ayant pas joué son rôle comme le § 264[18] du rapport Sauvé l’explique.

 

3.8       Le caractère « systémique » est celui de la société tout entière

Avec toutes les réserves énoncées plus haut portant sur l’estimation et sans minimiser la gravité de l’abus d’un enfant au sein de l’Eglise, le nombre de 216 000 a pourtant occulté un autre chiffre au moins aussi impressionnant, lui aussi présent dans le rapport de l’INSERM : celui du nombre total de victimes d’abus dans la population générale, évalué à 5 millions de personnes. Cela signifie, toujours selon cette étude, que moins de 5% des abus sont dus à des membres du clergé.

Ainsi c’est bien le caractère « systémique » dans toute la société qui est mis en lumière bien au-delà de la présentation qui en est faite mettant en cause uniquement les personnes au sein de l’Église. Mais si le phénomène est systémique dans la société, est-ce que cela a encore un sens de remettre en cause spécifiquement l’Église ? lui accorder à elle seule ce qualificatif ne lui fait-elle pas simplement jouer le rôle de bouc émissaire ? D’un point de vue théologique, cela fait sens, les hommes d’Église, à l’instar du Christ sont sacrifiés pour le monde. Cependant, ceci n’est évidemment pas dit dans le rapport qui en reste à l’idée archaïque que les personnes accusées sont plus coupables que les autres[19].

Mentionner le caractère systémique du phénomène dans la société entière aurait été plus cohérent de la part de la CIASE, mais alors cela aurait affaibli grandement l’attribution du qualificatif à l’Eglise. 

J’irai plus loin en disant que ce qui est systémique finalement au sein de l’Eglise, c’est (malheureusement) une très forte porosité avec l'esprit du monde. A une époque où la pédophilie devait être cachée, elle a été cachée, à une époque où la société demandait de l’autoriser, le péché était relativisé voir justifié, à une époque où elle est devenue scandaleuse, elle a été combattue. Cela ne fait que confirmer une des causes profondes de ces phénomènes identifiée par Benoît XVI : le manque de foi. Et également ce que le pape François a dénoncé au début de son pontificat: la tentation de l'esprit mondain parmi les clercs.


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4 - La question de la tendance sexuelle au sein du clergé, le véritable phénomène systémique occulté dans les conclusions de la CIASE


[1] Dans cet article, par facilité, le terme « rapport Sauvé » s’applique au rapport principal émis par la CIASE « Les violences sexuelles dans l’Église catholique, France 1950-2020 » : https://www.revueciase.fr/images/Ciase-Rapport-5-octobre-2021.pdf

[2] Et 330 000 au total au sein de l’Eglise. Dans cet article, nous nous concentrerons sur les abus commis par des prêtes, car ils constituent le cœur du problème et par nature un phénomène spécifique à l’Eglise.

[3] https://www.revueciase.fr/images/Ciase-Rapport-5-octobre-2021-Annexe-AN27-Rapport-Inserm-EHESS.pdf; L'EHESS est l'École des hautes études en sciences sociales.

[4] Page 438

[5] Cf page 420 « L’Eglise catholique […] semble refuser le constat du caractère systémique des violences sexuelles et sexistes commises en son sein ».

[6] Selon le site de référence doctissimo

[7] Dictionnaire Robert

[8] Extrait de la lettre de mission confiée par la CEF et la CORREF à la Jean-Marc Sauvé : « nous souhaitons […] que cette commission évalue les mesures prises par la CEF comme par la CORREF depuis les années 2000 pour faire toutes les préconisations que vous penserez utiles. »

[9] Cf. Josselin Tricou, coauteur du rapport INSERM, et largement cité dans le rapport Sauvé. Dans sa réponse à Pierre Manent, il explique que systémique est « le fait que la dimension de ces crimes soit largement facilitée par la culture et la structure catholique », ce qui va au-delà de la définition plus restrictive donnée par le rapport CIASE dans son § 0644.

[9b] Le paragraphe qui suit a été ajouté à la suite de la réponse de la CIASE à l’Académie Catholique.

[10] Déjà mentionnée dans la synthèse. D’ailleurs cette expression « soldat Église » traduit une vision totalement non conforme à la doctrine de l’Église, où l’Église serait subordonnée au pouvoir politique afin d’accomplir le travail que l’Etat ne peut faire.

[11] Toutes ces pages seraient à lire mais on peut citer cet extrait du § 820 « Cette qualification des atteintes et agressions sexuelles en offenses à la chasteté opère, à nouveau, un déplacement sur l’auteur de ces actes, ne permettant pas de prendre en compte leurs conséquences pour les personnes victimes »

[12] Citons également l’abbé du Barroux qui évoque St Benoit comme modèle « « le plus urgent est aujourd’hui le devoir de réparation vis-à-vis des victimes. Saint Benoît insiste très fortement sur le devoir du délinquant de réparer, et sur la responsabilité des autorités de veiller à ce que la réparation soit effective »

[13] http://plunkett.hautetfort.com/archive/2021/12/21/le-pere-abbe-du-barroux-rend-hommage-a-jean-marc-sauve-6356353.html#more

[14] Les panélistes sont des personnes qui consacrent une partie de leur temps libre à répondre à des sondages de toute sorte. Ils sont recrutés pour cela par les instituts de sondage.

[15] Rapport INSERM, page 10.

[16] Page 310

[17] https://fr.aleteia.org/2021/11/20/limpense-de-la-theologie-du-corps-dans-le-rapport-de-la-CIASE/

[18] Notamment « Leur organisation interne a le plus souvent pris soin de se mettre à distance, autant que faire se pouvait, de toute régulation et de tout contre-pouvoir interne (à l’Église) ou externe (dans la société) »

[19] Alors que précisément l’originalité de la révélation chrétienne est de révéler ces mécanismes archaïques de gestion de la violence. On se référera à l’œuvre de René Girard pour approfondir ces thèmes, en particulier Des choses cachées depuis la fondation du monde et Je vois Satan tomber comme l’éclair.